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        Alors que la France ne sort que difficilement la tête de l'eau, l'Allemagne affiche des chiffres à faire pâlir un diplômé de l'ENA. La balance commerciale teutonne perce des plafonds historiques, les chiffres du chômage fondent bref, l'Allemagne s'impose chaque jour un peu plus comme LA grande puissance économique européenne. La vulgate journalistique nous démontre à quel point ce succès phénoménal est dû aux réformes éclairées de Gerard Shroder, chancelier social-démocrate entre 1998 et 2005. Cependant certains économistes franchouillards réfutent cette théorie en soulignant notamment certains avantages structurels de l'économie allemande, absolument déconnectés du massacre social que furent notamment les 4 lois Hartz. Comment l'Allemagne a-t-elle put sortir si brillamment de la crise ?

     

        Le premier élément de réponse concerne la démographie. La France se targue d'être le pays le plus fertile d'Europe alors que l'ogre allemand accuse une perte de population drastique. Depuis les quinze dernières années, l'Allemagne a subi une perte de population de presque deux millions d'habitants alors que dans le même temps, la France a connu un accroissement de 4,9 millions d'habitants. Évidemment cette vigueur dans la fécondité française est un atout à long terme mais semble avoir été un poids quant à la gestion de la crise. Notre hausse démographique emporte des nécessités de dépenses, privées comme publiques, que nous aurions préféré éviter ces cinq dernières années. Des dépenses que les allemands n'ont pas eu à supporter. Par exemple, la Bundesrepublik consacre 1,5 % de PIB de moins que la France pour l'éducation de ses petites têtes blondes, tout en rémunérant mieux ses instituteurs. De l'avantage d'être infertile. Un autre impact central de cette lacune de la fécondité concerne le prix sur l'immobilier germanique. Le parc ancien absorbe aisément le renouvellement de la demande. Les prix sont restés stables ces 15 dernières années alors qu'ils ont été multipliés par 2,5 en France dans la même période. En 2011, un logement neuf en Allemagne coûtait en moyenne 1300 euros du m² alors qu'il en coûtait 3800 euros en France. Le coût de la vie de l'autre côté du Rhin, très contracté du fait de la démographie (consommation et logement), a permis aux allemands de tolérer longtemps une austérité salariale très poussé. Il faut ajouter à cela le fait que l'Allemagne n'a jamais eu comme objectif d'orienter sa population vers la propriété. L'épargne colossale de la France est concentrée dans un domaine non-productif, l'immobilier. Un des leviers économiques intéressant pour relancer l'investissement serait de réorienter cette épargne vers l'économie réelle en prenant l'exemple allemand.

     

    Les fondements structurels de la reprise allemande

    Evolution des prix de l'immobilier en France et en Allemagne entre 1996 et 2012.   

     

       

        Le second point concerne la spécialisation industrielle de notre voisin. La hausse de la demande des pays émergents ces quinze dernières années s'est localisée sur des produits très prisés des industriels allemands. Le point central de cet avantage comparatif concerne les biens d'équipement, c'est-à-dire le matériel qu'utilisent les professionnels pour produire. L'Allemagne concentre 18% de la main d’œuvre européenne dans ce domaine. Les usines qui poussent en Inde et au Brésil utilisent des machines made in Germany. Sans oublier bien sûre les fleurons classiques de l'industrie allemande comme l'automobile. L'Allemagne a largement su profité de son image de marque dans les pays émergents et a pu résister à la crise grâce à la consommation des nouvelles classes moyennes dans les BRICS.

     

        Le troisième point concerne la réunification de l'Allemagne. La chute du mur a été une épreuve sociale et économique considérable pour le pays et ses effets s'en font toujours sentir aujourd'hui. Cependant, les entreprises allemandes ont su profiter des aspects positifs de la chute du Rideau de Fer et notamment de l'ouverture des pays d'Europe de l'Est. Avant les années 1990, la France fournissait à l'Allemagne une sous-traitance à bas coût. Depuis, les grandes entreprises se sont rabattus sur la Pologne, la Tchéquie ou la Slovaquie. Le véritable tour de force c'est que cette adaptation aux nouveaux marchés s'est faite sans délocalisations excessives. En effet l'Allemagne conserve encore une base productive sur son sol. Ceci est dû à un modèle de gouvernance des entreprises très différent du nôtre : Tout d'abord, les Conseils d'entreprise allemands ne sont pas simplement consultatifs mais doivent donner leurs accords pour les grandes décisions managériales. Ensuite, les conseils de surveillances sont composés à 50 % de représentants des actionnaires et à 50 % de représentants du personnel. Enfin la hiérarchie à l'allemande n'inclue pas réellement de PDG mais un exécutif à deux têtes, un directeur pour le conseil de surveillance et un autre pour le conseil d'administration. Cette dyarchie protège les sociétés allemandes du césarisme dangereux qu'on remarque dans les grosses boites françaises. Le modèle social allemand, réputé pour son aptitude à privilégier la négociation aux conflits, inclut également un contre-pouvoir fort au sein des entreprises, ce qui empêche des financiers voraces de les dépecer. Les dirigeants allemands ont parfaitement géré la fin de l'ère communiste et en ont fait une des forces de leur économie.

     

    Les fondements structurels de la reprise allemande

     Image du port du port d'Hambourg

     

       

        Ces trois facteurs nous aident à expliquer le succès teuton malgré la politique néo-libérale de Schroder et non grâce à elle. L'Allemagne a un taux de dépense publique deux fois moins élevé que celui de la France ce qui en fait le seul pays de l'OCDE dont les investissements publics ne couvrent pas l'usure des infrastructures. Si à court-terme cela permet d'économiser encore 1,5 % du PIB, il est évident que cette lacune fera défaut au pays à long-terme. De plus, les lois Hartz, permettant une libéralisation de l’emploi en autorisant le « Hire and Fire » à l'américaine n'a pas été utilisé durant la crise. Les entreprises allemandes privilégient la négociation et la pratique de l'interruption de travail ce qui fait que le taux de chômage a très peu augmenté entre 2008 et 2013. En revanche, lorsqu'il s'est agi de reprendre la production, la disponibilité de la main d’œuvre a permis un retournement de l'économie en à peine deux ans. Cependant, la croissance allemande reste de 1,5 % ce qui est décevant par rapport à la santé économique du pays. La contraction de la demande intérieure est la cause de cette stagnation. La réussite de l'Allemagne peine à se répercuter sur sa population, le gouvernement ne mettant pas fin aux mesures d'austérité prises 15 ans plus tôt concernant les salaires et les dépenses publiques. La situation économique de la population s'améliore ainsi bien plus lentement que celle du pays. Les Allemands seront contents d'apprendre qu'ils vivent dans un pays riche.

     

     

        Coron

     

     

     

    D'après Made in Germany. Le modèle allemand au-delà des mythes de Guillaume Duval


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        Après les événements qui ont soulevé la France ce mois de janvier, la droite gaulliste, gaullienne et gauloise sort les griffes contre les terroristes bien de chez nous : état des lieux d'une mesure inefficace et antirépublicaine.

     

        La peine de déchéance de nationalité est prévue par l'article 25 du Code civil. Le Gros Livre Rouge prévoit trois cas de déchéance liés à des actions contre les intérêts de notre douce France, interprétable largement, de la haute trahison aux actes de terrorisme. Cette loi ne peut s'appliquer qu'aux citoyens binationaux jusqu'à dix ans après qu'ils aient rejoint notre grande famille. Sont exclus de facto les citoyens français de pleins droit, ceux nés en France d'au moins un parent français. La Convention européenne des Droits de l'Homme, juridiquement supérieur à notre loi nationale, interdit à notre gouvernement de déchoir un citoyen de sa nationalité si cette sanction a pour issue de le rendre apatride. Un représentant de ladite famille, toujours gaulliste, Philippe Meunier, avait proposé un élargissement de cette loi l'année dernière, rajoutant une case pour ceux de nos coreligionnaires qui « porteraient les armes contre les forces françaises ». Cynisme du calendrier politique, cette loi a été rejeté par nos mandataires le 4 décembre dernier, un mois avant la tuerie de Charlie Hebdo.

       

        Pour les bons françois, les biens nés, ceux qui mangent du cochon et boivent du pinard, une ordonnance datant de 1944 établis par le général De Gaulle (décidément…), prévoit une peine dite d'indignité nationale. Le châtiment infligé par cette indignité est la déchéance des droits civiques, c'est-à-dire principalement du droit de vote. Cette ordonnance ne vise cependant que les traîtres de la collaboration avec l'Allemagne nazie, les BOFs au sens littéral et quelques malchanceux de la guerre d’Algérie pour qui on a dépoussiéré l'ouvrage. Les plus observateurs d'entre vous noterons combien cette mesure discrimine honteusement les abstentionnistes convaincus, pour qui perdre le droit de vote n'a dû être qu'une bien maigre sanction pour leurs actes de compromission envers l'envahisseur. Une tentative de modernisation de cette mesure serait plus proche de la manœuvre de com' que du Grand Soir de l'antiterrorisme.

     

     

    Déchéance de nationalité: la véritable indignité nationale

       

        Mais qu'en est-il de la déchéance, soutenue avec force par l'opposition et par les plus solfériniens de la majorité ?

     

        Je vous vois déjà derrière votre écran, sourire en coin, penser que cette mesure est probablement plus électorale qu'une réforme profonde de la politique de la ville ou de l’Éducation nationale. Il est certainement plus sexy de donner au peuple encore ému, une mesure de rétorsion forte dont les effets juridiques n'auront pas besoin de se faire sentir pour que les courbes de popularité opèrent le retournement auquel notre économie se refuse.

     

        Alors dans sa grande sournoiserie, notre rédaction vous offre du encore moins sexy, moins de paillettes, moins de champagne : la République. Car notre nation est bâtie sur un principe d'universalité et d'indivisibilité qui est à l'extrême opposé de ce châtiment de déchéance. La nation française s'est construite, non pas sur une ethnie ou sur une langue, pas sur une culture mais sur un rêve. A l'inverse de nos voisins d’outre-Rhin, nous ne nous rassemblons pas autour de notre « francité » mais de nos principes : Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité (si le dernier n'y est pas il faudra le rajouter). L'appartenance à notre nation est fondée sur un consentement, chaque jour renouvelé. L'assurance d'un glorieux passé commun et la confiance en un avenir plus glorieux encore. Si ce rêve a été quelque peu avilie par nos juristes, et peut-être le sera-t-il plus encore dans quelque temps, il est important de revenir à nos fondamentaux. La République est une et indivisible, dans son corps comme dans sa chair et nous ne pouvons hiérarchiser notre citoyenneté. Nous ne pouvons nous compromettre à diviser les «Français de souche », titulaires ad vitam de leur nationalité de papier, des « Français de branche », qui pourraient un jour s'en voire déchu. Il ne s'agit pas de laisser impunis les actes commis mais de refuser de tourner le dos à nos fondements nationaux sous des prétextes sécuritaires. Doutons même de la véritable efficacité de cette mesure alors qu'une immense partie des djihadistes sont français de pleins-droits.

       

        Devenir français n'est pas seulement être un étranger qui suit la loi républicaine. Devenir français c'est participer de l'être collectif, c'est avoir un sentiment d'appartenance à la France. Voilà notre Patriot Act.

     

        Ne divisons pas plus encore notre société en acceptant cette brèche dans l'idéal Républicain. La déchéance de nationalité n'est pas franco-compatible. Refusons la proclamation d'une « sous-citoyenneté » ou d'une citoyenneté « à l'essai ». Il ne peut-être qu'un seul Français en ce pays, fier et debout, une bonne fois pour toutes.

     

     

     

     

        Coron

     

     

     


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  • Prophète de la lutte contre la domination américaine, Vladimir Poutine
    compte parmi les chefs d’états les plus controversés de la planète. Ex-patron du KGB, celui qui a contribué à la chute du communisme d’état s’avoue parfois nostalgique du bon vieux temps. L’homme le plus puissant de Russie se cache derrière une communication ambivalente et un ethnocentrisme affirmé. Petit homme, grand dirigeant, Vladimir Vladimirovitch n’est pas seulement le dompteur de chevaux et de grosse moto que laissent paraitre les médias atlantistes du monde entier. Il est aussi le symbole de la résistance contre le modèle américain, qui ne cesse de s’imposer à travers le monde. On ne saurait, bien sûr, ériger l’homme en héros, tant il semble éloigné de notre idéal de démocratie. Il y aurait beaucoup à dire sur la gestion autocratique du plus grand pays du monde (19 millions de km²) par ce loup glacial. Nous nous concentrerons uniquement sur son modèle de politique extérieure qui devrait faire rougir les barons de la droite gaullienne.

    Poutine et le contre-atlantisme.


    La France de la Vème République a renoncé à ses rêves de souveraineté depuis 2008. Les héritiers du gaullisme ont posé un genou à terre face à l’ogre américain. Depuis l’ère Sarkozy, nous voilà plongé dans le ventre mou de la diplomatie mondiale. En mettant notre armée à la disposition du commandement intégré de l’OTAN, nous avons perdu un peu plus d’indépendance, un peu plus de liberté. Impossible maintenant pour la France de faire valoir son droit à l’exception, sa troisième voie. Noyé dans la standardisation occidentale, coincé entre le Pentagone et le Traité de Lisbonne qui contraint chaque nouveau membre européen à intégrer l’alliance atlantique, on se demande presque à quoi sert encore le Quai d’Orsay. Poutine lui, a fait le choix de la souveraineté et de la différence. Si contestable soit-il quant à sa politique intérieure, il est un modèle de force dans le Concert des Nations : Enfin un homme qui tient bon.

    Le front ukrainien est un bon exemple de cette lutte pour le droit à une autre vision, à une autre pensée. Vladimir ne plie pas face aux menaces, ne recule pas devant l’escalade, non : Vladimir regarde l’Occident droit dans les yeux et refuse de soutenir les « libérateurs » de Maidan. Poutine refuse de considérer cette révolution comme émancipatrice pour les Ukrainiens. Pourquoi soutenir un mouvement qui a été impulsé par des groupes fascistes ? On sait aujourd’hui que, si la révolution a pu être, durant ses premières heures, ingénues et pleines d’intentions lumineuses, elle a été très vite récupérée par des groupes qui se qualifient eux-mêmes de néo-nazis. Pourquoi devrait-on forcément soutenir ceux-là, qui rêvent à une Grande Ukraine en soumettant la partie Est de leur pays, en leur refusant leur différence culturelle, en condamnant leur russophilie ? Il suffit de regarder le président ukrainien nouvellement élu pour comprendre à quel point cette révolution a été volée au peuple : un docile notable, atlantiste, washingtonien, qui s’exécutera en silence. Une marionnette qui ne ressemble que trop à celle que les administrations américaines ont placée en Amérique du Sud et aux Caraïbes pour étendre leur zone d’influence. Poro Porochencko, peu connu du grand public, est un industriel milliardaire, ex-président du conseil de la Banque centrale Ukrainienne et ex-ministre. Peu populaire car peu connu, le choix du peuple a pour toile de fond un bureau ovale et le désir des puissants venus d’Amérique. Comment de la révolte d’un peuple peut naitre un leader du sérail, social-démocrate et libéral ? Comment la France, vaillamment emmenée par Bernard Henri-Lévy, peut-elle applaudir des deux mains le choix de ce pantin, considéré si naïvement comme le gardien des doléances de la Révolution ? Ce que l’occident n’ose faire, de peur de mettre en colère le leader du monde libre, Poutine le fait sans vaciller.

    Bien sûr, la position de la Russie est aussi dictée par des impératifs stratégiques. Car la nomination de Porochenko à Kiev s’accompagne de l’autorisation pour l’armée américaine, de déployer dans le pays, des troupes et des lanceurs de missiles. En sachant cela, les médias décident quand même de caricaturer le dirigeant russe en conquérant aux dents longues. Hilary Clinton a même menacé le Kremlin de révéler des documents prouvant la présence de troupes russes en Ukraine. On se souvient comment Colin Powell avait agité à l’ONU, une petite fiole remplie d’un liquide jaunâtre, preuve irréfutable de la présence d’armes de destruction massive sur le sol iraquien. Nous ne devons pas oublier que les Etats-Unis est le pays le plus militarisé du monde : son budget militaire représente autant que les dépenses de tous les autres pays additionnées dans ce domaine (680 milliards de dollars par ans contre 52 milliards pour la Russie). En 2011, l’armée américaine disposait de plus de 200 000 hommes répartis entre l’Afghanistan et l’Irak, 53 000 hommes en Asie et 80 000 en Europe. Selon l’ONU toujours, la Russie disposait la même année hors de son sol, de 537 hommes et 52 observateurs militaires dans le cadre de missions internationales en Afrique et en Asie. En voulant étendre encore les frontières de l’OTAN, l’Amérique menace clairement les intérêts russes et montre sa soif de domination militaire.

    Poutine et le contre-atlantisme.

     

    Nous ne pouvons plus tolérer de nous faire donner la leçon par l’Amérique triomphante. Notre peuple, souverainement et en toute indépendance doit répondre à l’appel de l’Histoire, sans plus jamais se courber devant la puissance américaine. Nous ne pouvons plus supporter de nous voire dicter une prétendue bienpensance contre «l’axe du mal». Ce que fait Poutine en Russie n’est pas hors de notre portée. La voix de la France n’est plus celle du message des Lumières ou d’une puissance coloniale. Elle est celle du porte-voix des insoumis. La France gaullienne et résistante, en guerre contre toute les oppressions et toutes les pensées uniques. Nous en avons la puissance militaire, la solidité économique, la force culturelle et la légitimité historique. Le rang de la France n’est pas celle d’un chiot docilement trainé par son maitre : ne soyons pas de cet occident asservi.

    Il incombe aux Français de recouvrer leur autorité sur notre politique extérieure, sur la place de notre pays dans le monde. Pourquoi ne pas faire en France ce que Poutine fait en Russie ? Redevenons des alliés souverains, des indomptés, des résistants. L’Atlantisme n’est pas notre politique et ne doit plus nous être imposé.

    Coron.

     


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  • Sarko, Sarko, Sarko revient. Les médias s’agitent dans l’ouest parisien où un ancien président concentre toutes les attentions. Le pourfendeur du rêve gaullien annonce son grand retour. Soutenus pas sa garde prétorienne, le chef de la « République des copains » frotte le sable du bout du sabot et souffle un air moite au visage de son parti humilié. Celui qui a vendu notre souveraineté à l’OTAN et notre économie à l’hyper-classe demande un deuxième round. Après une retraite trop courte, Nicolas s’est ennuyé de sa vie Neuilléenne et s’est laissé dire que nous étions las de son absence. C’est écrit, il va revenir. Cet automne, il descendra de la colline, au volant de sa nouvelle Bolloré électrique et prendra les rênes de l’UMP, encore toute ébouriffée de son départ. Il le veut, on le sait, mais le peut-il ?

    LES AFFAIRES

    Il semble peu probable que le retour de Nicolas soit permis par les plus hautes instances du parti. Les affaires de cette année 2014 raisonnent comme un avertissement. A commencer par les écoutes de Buisson qui ont si opportunément fuité. La plume monomaniaque de notre ex-président en campagne avait en effet une mauvaise habitude : Il enregistrait. 600 heures d’écoute, des discussions privées du couple Sarkozy-Bruni aux réunions de la défense nationale, en passant par les avis fleuris du tôlier sur les parlementaires de sa propre famille politique. Buisson sait tout, a tout consigné et menace de tout révéler. Une véritable bombe à retardement quant aux innombrables affaires qui entourent l’ancien chef de l’état. Notamment les soupçons sur l’origine des comptes de sa campagne. Il n’est pas impossible que la partie non financée par Bettencourt et Lagardère, ait été comblée par les fonds d’un dictateur nord-africain, aujourd’hui décédé. Ceci expliquerai pourquoi cet obscur tyran, alors inconnu des Français, ait pu planter sa tente rue du Faubourg-Saint-Honoré. Si les preuves manquent encore, de la calomnie il restera toujours quelque chose. Enfin, plus récemment, l’affaire Bygmalion, du nom d’une entreprise de communication qui aurait permis à Sarkozy, par un savant montage comptable, de rester en dessous de la limite des 22 millions d’euros réglementaires pour les comptes d’une campagne présidentielle. Ces mêmes comptes invalidés par le Conseil Constitutionnel et qui ont poussé la droite à appeler à la souscription nationale. Des milliers de militants ont donné de leur poche pour combler le trou béant dans la coque du bateau UMP. Il se pourrait que ce trou n’ait enfaite eu pour cause, que les magouilles de quelques-uns, dans le but de se soustraire à la loi et peut-être même de prendre une part du gâteau au passage. Sarko et sa bande se sont sentis si intouchable, si au-dessus des lois, qu’ils n’ont même pas vu le mal qu’il y avait à mendier l’argent des siens pour combler une mascarade financière. Il parait évident que ces affaires aient fuité pour écorner l’image de Nicolas Sarkozy. Les écoutes de Buisson sont la clef de voute de cet avertissement: « N’y va pas, sinon… » menacent les barons.  

    Pourquoi Sarkozy ne reviendra jamais ?

    LA GUERRE DES EGOS

    Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge. Nicolas est bien seul, en quête de sa mythologie des 100 jours. Peu de dirigeants pour acclamer le retour du sauveur gesticulant. Ses amis ne se comptent plus que sur les doigts d’une main. Morano, Hortefeux, on commence à voir poindre Karoutchi : un peu court, jeune homme. Car les vieux de la vieille ont senti le vent tourné. Juppé, chef de file des chiraquiens, ne veut pas l’avoir dans les pattes. Au moment de sa carrière où il est le plus présidentiable, hors de question pour lui de laisser prospérer un rival aussi encombrant. Même constat pour Fillon. L’ancien premier ministre se sent encore humilié par le comportement de son pseudo mentor : les court-circuitages permanents, les réunions privées de petits groupes de ministres, sans le consulter, sans même l’inviter. Tous ces efforts pour « tuer le job ». Et comment a-t ‘il put l’oublier dans sa bataille contre Copé en 2012 ? Fillon n’en peut plus de vivre dans l’ombre de Sarkozy, voilà l’occasion pour lui de tuer le père. La jeune garde ne semble pas plus enthousiaste. Baroin et Bertrand se sont d’emblée déclarer contre le retour du Messie. Surtout François Baroin, qui voit l’occasion de prendre sa revanche sur celui qui l’a exclu du pouvoir pendant bien longtemps, avant de n’avoir d’autre choix que de l’intégrer au gouvernement Fillon II : « Baroin, 5 semaines à l’Intérieur, 5 ans à l’extérieur » avait jubilé Sarkozy lors de son arrivée à l’Elysée. Il n’y a que Raffarin, l’illustre inconnu, qui, si forte soit la pente, n’en démord pas et gite avec le vent, sans trop  se mouiller. Illisible donc, mais si peu déterminant qu’on l’éclipsera.

    Voilà donc le portrait d’un Sarkozy bien isolé. Pleins d’affaires aux basques et plus beaucoup d’amis. Que lui reste-t-il? Une base militante décrite comme solide. Mais aujourd’hui, même les sympathisants ont foutu le camp. Les sondages sont loin d’être aussi dithyrambiques qu’il y a six mois. 28% des Français l’imaginent présidentiable, talonné de très près par Juppé à 26% (Sondage IPSOS pour France 2). Loin des yeux, loin du cœur. A trop vouloir être retraité, à simuler sa traversée du désert, a se pavaner à l’étranger, sa popularité s’érode : n’est pas De Gaulle qui veut. Nicolas Sarkozy ne semble plus si rassembleur, malgré un vent très favorable qu’il attendait depuis deux ans. L’éclatement de la droite, le départ de Copé, l’incapacité des barons à le remplacer et l’inconstance de la majorité socialiste, lui ouvrent incontestablement un boulevard électoral. Mais rattrapé par son mépris des militants, des citoyens et des institutions, Nicolas Sarkozy semble en mesure de prouver une nouvelle fois, son manque absolu de posture gaullienne. Il est définitivement temps pour l’UMP de se débarrasser de la racaille au karcher, de tourner la page du sarkozysme et de chercher en eux, les ressources nécessaires pour remettre sur pied une opposition convenable dans notre pays.  

    Coron. 


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  • Les moins naïfs d’entre nous s’en doutaient, Angela nous l’a confirmé : Jean-Claude Juncker, leader de la droite européenne, a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de devenir Président de la Commission. Nos chefs d’états et de gouvernements ont mandaté, mardi 27 mai, Herman Von Rompuy, président du Conseil européen, pour préparer la succession à l’ère Barroso. Jean-Claude n’a, néanmoins, pas été pris en traitre : les traités étaient claires : Seul le Conseil européen, organe décisionnel rassemblant les 28 dirigeants de l’Union, peut désigner le président de la Commission, et ce, sans tenir compte de l’avis du Parlement.

    Avenir incertain donc pour Jean-Claude Juncker. Le candidat de la droite conservatrice, affairiste, celle de Copé et de Barroso ne doit soulever chez nous, que peu de sympathie. Mais quitte à avoir un plot à la tête de la plus puissante institution de notre Union, autant que ça soit le plot désigné par nos concitoyens. Il est temps que l’UE se dote d’une véritable démocratie. Difficile de croire que les français qui ont voté UMP aient agis pour soutenir notre ami luxembourgeois. La tentative d’incarner les mouvements politiques européen par des marionnettes inconnues n’a pas été très porteuse dans l’hexagone. Cependant Juncker jouit, tout de même, d’une certaine popularité dans le Benelux et à l’Est du continent, dans les états dit « europhile » comme la Pologne ou les pays baltes. Cet homme porte bel et bien une responsabilité, si infime soit-elle, dans le succès de la droite au Parlement. Voici ce que la social-démocratie nous avait promis pour l’avenir de la Commission : Votez à gauche vous aurez papa Schulz, votez à droite : vous aurez Juncker. Il est fort probable que malgré les résultats de dimanche, nous n’ayons ni l’un ni l’autre. L’objectif est à peine dissimulé : Réduire un peu plus l’influence du Parlement dans la gouvernance européenne en ne tenant pas compte de sa composition pour choisir la tête de l’exécutif et, par là, écarter les citoyens du pouvoir politique.

     

    Nouvelle prise d’otage de la démocratie européenne.

      

    Car le Conseil européen pourrait créer, par la nomination de Juncker, un précédent historique. Nos dirigeants pourraient s’obliger, par la coutume, à  nommer comme président de la Commission, un candidat émanant du Parlement européen, donc du suffrage universel. Cette décision serait un premier pas vers la démocratie, liant la tête de l’exécutif européen aux désirs du peuple qu’il commande. Chaque élection européenne serait alors l’occasion pour nous de juger de l’action de la Commission et de désigner indirectement un président en accord avec nos attentes. Ces pratiques coutumières ne sont pas des lubies aveugles, elles peuvent emporter une véritable valeur juridique, l’histoire foisonne de ces précédents (Cf la « Constitution Grévy » sous la IIIème République). Un Juncker président ne changerai pas la face de l’Europe à court terme mais donnerai un réel impact démocratique à notre union pour les élections à venir. Nous pourrions même aller plus loin en réfléchissant à contraindre le choix du Président de la Commission. Pourquoi ne pas donner au Parlement européen, le pouvoir de censurer l’exécutif ? Si les députés, représentant des peuples, n’étaient pas satisfaits du travail de la Commission, ils pourraient voter une motion de censure pour forcer cette dernière à démissionner. Ce pouvoir existe déjà dans les traités mais il est en pratique, tout à fait inapplicable. Aujourd’hui une motion de censure implique de réunir les deux tiers des députés de  l’hémicycle. Comment rassembler 495 représentants venant tous d’horizons politiques et culturels différent autour d’un même objectif : Impossible, vous en conviendrez. Une fois de plus les limites de notre démocratie sont contenues dans des traités iniques, rédigés et ratifiés par des dirigeants peu soucieux du la voix du peuple.

    Voilà le nouveau paradoxe européen : Un pas vers la démocratie passant par la désignation d’un président, représentant d’une junte politicienne profondément antidémocrate !

    Communiquons autour de ce sujet : soutenons en toutes circonstances le choix du peuple, aussi déplaisant soit-il. Les solutions démocratiques pour l’UE ne sont pas des utopies, nous pouvons réclamer un changement !

    Nous sommes les 99%.

    Coron.

     


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