• Montée du FN: la France offensée

                Ce qui devait arriver arriva. Marine Le Pen a remporté ce dimanche la plus large victoire de sa formation politique à une élection européenne et envoi entre 23 et 25 députés à Strasbourg. 25% des suffrages exprimés se sont tournés vers les listes bleu marines pour exprimer le ras le bol de la « France d’en bas » délaissé par les sociaux-démocrates. Jean-Marie lui-même n’avait pas fait mieux. Le FN devient le premier parti de France et donne un grand coup d’épaule dans l’édifice du bipartisme à la française.

    LUI, PRESIDENT

    Il est le perdant incontournable de cette élection. François Hollande fête un deuxième anniversaire élyséen plutôt maussade et dit adieux au socialisme local, élan qu’il avait initié au début des années 2000 en tant que Premier Secrétaire du PS. La base électorale socialiste, les ouvriers, les étudiants, les fonctionnaires ont détourné le regard. Hollande est sans conteste le porte-étendard de la déculottée subie par la gauche républicaine. Le redressement du navire commençait tout juste à se faire sentir avec l’arrivée d’un tribun catalan. Notre cher leader pouvait enfin se remettre à couler des nuits paisibles auprès de son actrice du moment, récoltant les fruits de la popularité du remaniement. Et voilà que comme une sale gosse, Marine est venue mettre un grand coup de pied dans le pâté de François. Les socialistes payent les deux ans d’inaction du gouvernement Ayrault, les dérapages répétitifs, le manque de charisme de « l’autre » tête du bicéphalisme français. Ils payent l’éclatement de la coalition PS-EELV qui n’aura pas beaucoup vécu. Ils payent l’illisibilité de l’alternance promise et la non-rupture avec la politique de son prédécesseur. Lui président, rien n’a changé.

    JEFF, MON AMOUR

    Evidemment tout n’est pas de sa faute. Car un français mécontent de son gouvernement vote pour l’opposition. Et l’opposition à François et ses stagiaires suffoque depuis le départ de son Grand Timonier. Depuis le fiasco des primaires, le Mouvement Populaire a du plomb dans l’aile. Et Jean-François, appelé Jeff pour les besoins de l’article, n’y est pas pour rien. Jeff, obsédé par sa volonté d’être chef a frôlé la correctionnelle. Depuis que c’est lui le boss la maison brûle un peu plus chaque jour. Parce que si notre cher leader est bas dans les sondages, la courbe de Jeff défie les lois de la gravité (9% des Français estiment qu’il ferait un bon candidat à l’élection  présidentielle de 2017 - IPSOS). Lui aussi est l’homme politique le plus détesté des Français. Les sociaux-démocrates de droite se cherchent désespérément un patron et ne trouvent qu’un notable du Bordelais qui ne semble pas très enthousiaste à l’idée de quitter sa province. Il y a eu les couacs, des affaires appelées pudiquement « politico-financière » (Bygmalion, les 400 000 euros volés au Sénat) qui ont éclaboussées tous les barons du parti et fatigué l’opinion. Bref les grands manitous de l’UMP sont un peu comme les finalistes du Tour de France : tous malhonnête jusqu’à la dixième place. Enfin il y a les bons copains qui claquent la porte, Borloo ayant désolidarisé son gang de celui des néo-gaullistes. Tous ces ingrédients ont créé un boulevard électoral pour le FN.

     

    Impossible dans cette critique de ne pas responsabiliser les médias main-streams qui n’ont jugés bons de commencer à sonder la campagne au fond que 5 jours avant le D-Day . Un peu tard pour mobiliser les Français. Même l’Humanité, la Pravda de l’anti libéralisme français ou encore Mediapart guidé par Edwy l’insoumis ont bien tardés avant d’animer notre démocratie et de permettre à chacun d’entre nous de voter en citoyen.

     

    LE PREMIER PARTI DE FRANCE ?

    C’est tentant et ils ne nous ont pas attendus pour le dire puisque la famille Le Pen a auto-proclamé son parti, premier de France. Reste que les enjeux évoqués lors de la campagne étaient bien européens, que les français ne veulent quitter ni l’Union ni l’euro. Alors, contestation ou adhésion ? Soyons sûr que les « spécialistes » (toujours eux) vont s’écheveler à répondre à cette question. Complexe de déceler toute la teneur d’un vote, surtout d’un vote français. Laissons leur donc cela et réfléchissons de notre côté, nous les non-spécialistes. D’abord, les enjeux sont purement européens, quel pouvoir concret Marine tire-t-elle de cette victoire ? Aucun, si ce n’est une assise électorale forte et un pas de plus vers la « déjeanmariesation ». Il est probable que les Français aient lâché un peu de lest étant donné à quel point il était difficile de saisir les enjeux de cette élection. De plus le résultat est à mettre en relation avec le nombre de voix exprimées. L’abstention est restée forte, moins de la moitié des Français sont allés voter ce qui contribue à diminuer un peu plus la légitimité du parti d’extrême droite. Soyons vigilant également cette semaine quant aux résultats dans le reste de l’Europe : il est peu probable que cette montée populiste soit un phénomène purement français. Il faut espérer que la colère des peuples titille la curiosité des pachas de Bruxelles. Aux volontés ultra-libérales de l’hyper-classe, le peuple répond par une plus grande envie de nation, une plus grande envie de souveraineté, un signal qui ne devrait pas passer inaperçu à la Commission.

     

    Enfin il est une seconde défaite ce dimanche, celle de la bataille contre le transatlantisme. Bien que les chiffres soient encore incertains, les tendances sont claires. Le peuple d’Europe a plébiscité largement les sociaux-démocrates conservateurs et ont décidés par là, de prolonger encore un peu leur politique économique. Nos concitoyens ont reconduit pour cinq ans la Bande à Barroso en changeant à peine quelque tête. Les bruxellois continueront donc, avec l’aval du peuple souverain à imposer leur troïka, leur libéralisme effréné, la destruction des Nations, la collusion avec les milieux d’affaires (rappelons que Juncker, le candidat des conservateurs, est favorable au secret bancaire) ou encore l’élargissement européen, puisque notre nouveau « Godfather » s’est déclaré favorable à une entrée de la Turquie dans l’UE. Nous n’avons pas réussi à envoyer assez de députés antitraités dans l’hémicycle. Mais le combat continu, relevons la tête et lançons encore au monde notre volonté d’une autre Europe.

                    Coron.

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 26 Mai 2014 à 22:39

    quand ceux qui pensent diriger et ceux qui voudraient bien le faire auront compris qu'au lieu de s'entre déchirer il pourraient être un peu utiles en travaillant pour le pays, un  grand pas sera fait. Mais demander à des politiciens de réfléchir est aussi efficace que demander à la marée de ne pas suivre la lune.

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